Sur nos côtes ou en mer, les nuits d’été, certains peuvent avoir la chance d’observer un phénomène fascinant : l’eau qui s’illumine d’une teinte bleutée lorsqu’on l’agite ! Une vive lumière qui s’explique par la présence d’un plancton visiblement spécial, appelé Noctiluca.
De la lumière dans la nuit
Un nom qui résume bien cet être planctonique pas plus gros qu’un millimètre qui peut produire de la lumière grâce à une molécule appelée luciférine, s’actionnant au contact de l’oxygène. Les noctiluques l’emploient généralement pour différentes raisons : comme camouflage, contre les prédateurs ou en raison d’un stress. Ceci peut surtout s’expliquer lorsqu’un bateau vient les secouer par millier lorsqu’ils sont accolés les uns les autres à la surface de l’eau. C’est un être vivant qui produit dans la nuit –nocti– de la lumière –luca-, un nom lui allant donc à merveille. Une étymologie concise qui, cependant, ne comprend pas tous les « pouvoirs » de cette micro algue bioluminescente.
Une algue loin d’être autotrophe
Les algues, et plus largement les plantes, sont autotrophes, c’est-à-dire qu’elles se suffisent à elles même en ne consommant que de la matière inerte, si l’on excepte les plantes carnivores. Noctiluca, elle, est une micro algue (et plus précisément un dinoflagellé) réalisant sa photosynthèse à l’aide d’autres algues vivant en elle, on dit alors que c’est la forme verte. Cependant, lorsqu’elle ne possède pas ses aides à la photosynthèse, celle-ci devient rouge et commence à se nourrir de plancton animal et d’œufs de poissons, la rendant ainsi mixotrophe !
Enfin, si elle ne trouve aucune source de nourriture, elle se transforme en kyste, tombe dans le fond, s’enfouit dans le sédiment et entre en état de « dormance ». Un comportement qu’on ne donnerait pas tout de suite à une plante. Cette capacité lui permet entre autre de résister au manque de nourriture et de réapparaître à l’arrivée des beaux jours.
Une apparence trompeuse
Un être vivant d’eau marine, transparent, bioluminescent, flottant à la surface des océans et pouvant capturer des proies vivantes à l’aide de son flagelle, l’erreur entre l’animal et le végétal est compréhensible. Lors de sa découverte vers la fin du 19ème siècle, les biologistes l’ont rangé… dans le groupe des méduses ! Cette apparence simple et semblable aux gélatineux lui a permis de tromper l’œil des scientifiques pendant de nombreuses années jusqu’à ce qu’ils découvrent plus tard, en 1920, sa véritable « identité ». Bien qu’encore aujourd’hui discutée dans la communauté scientifique, le noctiluque est décrit comme étant végétal, parmi d’autres espèces tout aussi étranges, comme le dinophysis ou le ceratium.
Une espèce pouvant apporter des problèmes
Dès lors que l’environnement rencontre un déséquilibre, tel que de l’eutrophisation dans un milieu aquatique, une espèce peut en tirer profit, comme le noctiluque. C’est en réalité en raison d’un bloom* de noctiluques liés à une importante concentration de sa nourriture (comme de l’ammonium) que l’eau peut devenir orange, rouge ou verte, suivant les pigments présents dans les individus. Sa forte présence est considérée comme toxique, bien que cette algue ne produise pas de toxine. C’est en fait à cause de la trop grande accumulation de l’ammonium et de sa présence qui dissous l’oxygène que noctiluca devient néfaste pour son environnement. L’effet devient alors dévastateur pour la biodiversité, asphyxiant coquillages, crustacés et poissons dans la zone. Enfin, bien que cette algue soit bien plus grosse que la plupart des diatomées, un seul litre d’eau peut concentrer plus d’un million d’individus lors d’un bloom.
*Bloom : efflorescence d’algue