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Les espèces invasives de nos côtes – Observatoire du Plancton

La vie dans une goutte d’eau

Les espèces invasives de nos côtes

Crépidules, mnémiopsis, sargasses et autres espèces marines peuplent nos côtes sans pourtant en être originaires : ce sont les Espèces Non Indigènes (ENI). La plupart du temps méconnues du grand public, certaines sont néanmoins visibles et nous posent problème, ainsi qu’à la biodiversité. On les qualifie donc d’invasives.

Invasif et envahissant, quelle différence ?

Invasif, envahissant… Deux termes se ressemblant et pouvant être trompeurs au premier coup d’œil. Ils sont pourtant bel et bien distincts, suivant l’espèce et l’environnement que l’on vise. Les espèces invasives sont comme dit plus haut, exotiques, ou non indigènes, c’est-à-dire qu’elles ont été introduites dans un environnement hors de leur aire de répartition géographique d’origine. Via différents facteurs de propagation, ces espèces multiplient leurs escapades improvisées, mais nous découvrirons les causes plus bas.

Le terme d’invasif résulte seulement d’une poignée de ces organismes, voire même d’une pincée, car plus de 90% des espèces introduites dans de nouveaux environnements n’y survivront pas. Différence de température, maladies et parasites inconnus de leur système immunitaire ou même absence de leur nourriture, il est assez difficile d’y survivre. Seulement, les derniers pourcents sont tout l’inverse de ces 90% là : tolérance aux écarts de température et de salinité, évitent ou supportent maladies et parasites, trouvent une source de nourriture et surtout, n’ont pas de prédateurs naturels. Ces éléments permettent donc à ces espèces de survivre, parfois de manière discrète, mélangées aux espèces autochtones, sans déranger personne. D’autres, par contre, ne se font pas discrètes du tout et perturbent leur nouvel environnement, les rendant donc invasives.

De plus, ces espèces à caractère invasif ont d’autres atouts en poche. Elles se reproduisent vite, se développent vite, et leurs larves, restant parfois quelques mois dans le plancton, leur permettent de se propager sur de plus grandes zones, là où d’autres ne peuvent pas le faire.

Les espèces envahissantes, elles, sont déjà connues de leur environnement, car autochtones. D’ordinaire, elles ne représentent aucun souci. Cependant, un changement dans leur milieu peut provoquer leur prolifération, comme un important apport de leur nourriture (une eutrophisation par exemple) ou une disparition de leurs prédateurs naturels (via une pollution ou une surpêche). Certains facteurs du changement climatique peuvent également avoir un impact positif pour certaines espèces, comme une température optimale pour leur reproduction. Un impact s’étalant sur une plus grande échelle de temps, leur donnant donc cet aspect envahissant.

Comment sont-elles arrivées là ?

L’océan est immense, difficile donc de traverser l’Atlantique ou le Pacifique en quelques jours ou semaines. C’est pourtant à cette vitesse qu’une espèce peut atteindre une autre mer, un autre continent. Mais comment ?

Tout simplement : Grâce à l’Homme. Sur l’eau, nous naviguons pour différentes raisons : transporter des marchandises, faire du tourisme, avec cargos, ferry, voiliers, etc… Cela offre des points d’ancrage sur les coques pour les espèces benthiques (vivant sur un support) et les ballasts se remplissent de millions d’individus pélagiques (vivant dans la colonne d’eau), s’octroyant un voyage gratuit du Brésil jusqu’en France, par exemple. Avec les centaines de transports se déroulant chaque jour dans tous les océans, ce sont des centaines d’espèces et des milliards d’individus potentiellement invasifs qui s’insèrent dans de nouveaux milieux.

Cependant, même si les cargos et autres embarcations apportent des ENI, ce n’est malheureusement pas le seul facteur de propagation.

La conchyliculture en est un autre, et relativement important. C’est en partie avec les premières importations d’huîtres japonaises ayant eu lieu après la crise suite aux importantes mortalités des huîtres portugaises, à la fin des années 1960, que des ENI sont apparues. L’huître japonaise étant une ENI introduite volontairement, ce qui en a suivi ne l’était pas vraiment. Une espèce parasite nommée « Bonamia ostreae » a réduit considérablement les populations d’huîtres plates, laissant place vacante aux japonaises, évadées de leur culture. Aussi, animaux et végétaux ont pu profiter du voyage en se cachant parmi les mollusques, multipliant les introductions involontaires, et ce, encore aujourd’hui.

Des dizaines d’huîtres creuses accrochées sur le quai du port de locmalo, à Port-Louis (56).

La liste serait encore longue et encore plus si elle était exhaustive, mais un dernier facteur de propagation se profile : les activités de loisirs. On y retrouve l’aquariophilie et la pêche de loisirs. Introduisant toutes les deux des ENI potentiellement invasives, de manière délibérée ou non, certaines sont plus ou moins connues du grand public. Tout d’abord en aquarium, des tortues de Floride se sont vues être relâchées dans la nature. Ces reptiles au cou rayé de jaune ont ensuite gagné le titre d’espèce invasive, suite aux différents problèmes qu’elles ont pu apporter. En mer, et plus précisément en Méditerranée, c’est la Caulerpe taxifoliée qui a été relâchée accidentellement. Cette espèce a rapidement pris le dessus sur des espèces endémiques, comme la posidonie, plante à fleur retournée à la mer.

Enfin, les appâts utilisés dans la pêche sont composés de 47% d’ENI, leur possible survie dans ce nouvel environnement leur permet parfois de s’installer et de devenir plus ou moins virulents.

Des points de vue erronés sur la nature

Animal, végétal ou bactérie exotique, ayant un comportement néfaste de nature quelconque sur son nouvel environnement, ne se jouera pas sur le spectre de la méchanceté ou du sadisme. Notions souvent centrées autour de celles de l’Homme, prenons d’abord le temps d’aliéner ces termes du comportement de ces êtres « nocifs » pour notre environnement. En eau douce, nous retrouvons la fameuse « Peste rouge », ou écrevisse de Louisiane, ravageant biodiversité et berges de nos cours d’eau. Des actes visiblement destructeurs, et souvent démontrés comme une attaque délibérée de l’espèce, ou au moins avec une certaine agressivité. Bien sûr, il ne faut pas le croire, car l’animal (ou le végétal) ne fait que survivre : il se nourrit, se reproduit et se défend.

écrevisse rouge de Louisiane capturée dans un ruisseau.

On ne doit donc pas répliquer sur l’espèce au même titre de ce que l’on peut s’imaginer. Ce qu’elle a fait subir à son nouvel environnement et ses nouveaux voisins ne résulte que de sa manière de vivre sans prédateurs et sans maladies. Il faut donc la prélever quand l’occasion se présente en la considérant comme ce qu’elle est : un être vivant.

Leurs impacts environnementaux…

Tout d’abord, un impact peut se mesurer de différentes manières, sur l’échelle du temps ou celle de l’espace, par exemple. Prenons le cas de la crépidule, importée à l’origine en Angleterre en 1872, via l’achat d’huîtres américaines. D’autres occasions se feront pour ce mollusque de débarquer en Europe. Même si de la même classe des bigorneaux, broutant d’habitude des algues, celle-ci préfère en faire autrement : elle filtre l’eau, comme les bivalves. En se multipliant de manière exponentielle, la crépidule réussira sur quelques sites du territoire à occuper une grande place, entrant en compétition sur l’espace et la nourriture d’autres espèces, dont les bivalves. En terme d’exemple, en 2004, en baie du mont St-Michel, plus de 150 000 tonnes de crépidules ont été recensées, marquant les esprits des habitants et des autorités. Cet animal est un « bel » exemple de ce qu’une seule espèce invasive peut produire en problèmes, ici sur la nourriture et l’espace d’un milieu.

On retrouve des exemples similaires chez d’autres espèces, comme des crustacés (ex : le crabe sanguin japonais), d’autres mollusques (ex : la fausse moule brune) ou des ascidies (ex : l’ascidie cartilagineuse). Malheureusement, ce panel d’organismes provoquant des dégâts n’est qu’une minuscule partie des espèces invasives présentes sur nos côtes.

…Et leurs impacts sur les activités humaines

Si l’on reprend la pullulation des crépidules de 2004, leurs impacts sur les populations de bivalves se sont surtout faits ressentir en conchyliculture. Activité majeure de nos côtes, l’élevage de coquillages est en lien direct avec l’environnement et est de ce pas directement touché par le premier problème venu. Ici, les ENI entrent en concurrence sur l’espace et la quantité de nourriture disponible avec les huîtres, moules et autres filtreurs. D’autres les parasitent, les rendent malades ou impropres à la consommation humaine. Les populations autochtones de bivalves se retrouvent donc impactées, elles s’amoindrissent, et les conchyliculteurs se retrouve avec de graves conséquences sur leurs activités, au même titre que la biodiversité.

Photo du journal « Le Pays Malouin » illustrant les tonnes de crépidules extraites de la baie chaque année.

Les infrastructures marines et les navires en souffrent également, et notamment à cause des espèces benthiques. Colonisation des surfaces, obstruction des conduits et entrées d’eau et affaiblissement des structures. Animaux et végétaux invasifs coûtent des milliards en entretien et réparation, et ce, chaque année !

D’autres espèces impactent la pêche en haute mer, comme le mnémiopsis. Un gélatineux planctonique et vorace au caractère reproducteur… très impressionnant, dont on évoquera son sujet plus en détail dans un futur article. De nombreux sujets restent encore à évoquer, mais les premiers énoncés ici nous montrent bien à quel point une espèce peut s’avérer hautement destructrice.

Des actions à mener pour mieux les cerner

De nombreuses actions sont réalisées pour tenter d’endiguer leur progression : élimination par arrachage, traitements (souvent chimiques), insertion de leur prédateurs naturels… Ces actions, plus ou moins efficaces, n’ont cependant jamais atteint leur objectif ultime : s’en débarrasser, une fois pour toute. Pour mieux les connaître, et ainsi cerner leur biologie et leur(s) faiblesse(s), des études, comptages et analyses sont également mis en place. Mais c’est tout un monde et un cortège de sciences, parfois difficile à comprendre pour le public qui s’y intéresserait. Alors que faire ?

Être les yeux des scientifiques, par exemple. Les seules côtes bretonnes comptent des centaines de kilomètres de terrain à prospecter. Impossible pour eux, trop chronophage, trop coûteux. BioLit, une science participative déjà présentée dont l’Observatoire est référent local, s’y intéresse. Une espèce, une photo : C’est ce qui intéressent les scientifiques. Et tout le monde peut le faire, car les outils (des fiches des espèces ciblées) sont disponibles sur le site de BioLit !

C’est donc avec ou sans référent que vous pouvez agir. La prochaine marée vous attend !

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