Que comprendre de ces dispositifs interdisant
la consommation de coquillages ?
À différentes périodes de l’année, nous constatons un peu partout des interdictions de consommation des coquillages, ralentissant voire stoppant les activités économiques du territoire. Conchyliculture, tourisme, pêche à pied professionnelle et amatrice, ces pratiques se voient –parfois lourdement- impactées lors de ces phénomènes, allant jusqu’à interdire la baignade. Pourquoi et comment cela arrive-t-il ? Quels problèmes sur la santé ? Où se renseigner Des questions souvent accompagnées d’idées reçues qui embrouillent les esprits et déforment la vérité.
Comment les coquillages peuvent nous rendre malade ?
Les huîtres, comme d’autres coquillages, sont des filtreurs. Elles se nourrissent en filtrant l’eau de mer. Lorsque l’eau de mer contient des bactéries pathogènes, ou des microalgues toxiques, celles-ci peuvent s’accumuler dans le coquillage. L’huître devient alors dangereuse pour le consommateur, surtout lorsqu’elle est consommée crue. L’Ifremer déploie des réseaux de surveillance pour éviter ce risque. Lorsque l’eau ou les coquillages sont trop chargés en éléments toxiques, les pouvoirs publics peuvent décider l’arrêt temporaire de la vente de coquillages.
Quelles sont les différentes pollutions induisant une interdiction de consommation ? Quels sont les impacts sur la santé humaine ?
Produits chimiques, bactéries issues des égouts ou d’épandages agricoles, nitrates qui font proliférer les microalgues parfois toxiques… le milieu marin reçoit de nombreux éléments issus des continents. Les organismes marins qui absorbent ces éléments peuvent présenter un risque pour les consommateurs. L’Ifremer surveille la contamination des coquillages et la qualité des eaux. L’institut transmet ces données aux pouvoirs publics, qui décident des interdictions ou limitations à mettre en place pour éviter le risque pour les consommateurs et baigneurs. (Source : IFREMER)
Qui s’occupe de surveiller la qualité sanitaire des eaux côtières ?
L’Ifremer et l’ARS Bretagne ont un rôle de surveillance, d’information et de conseil auprès du maire, du préfet, de l’administration maritime pour que les mesures adaptées à la protection de la santé des consommateurs de coquillages soient mises en œuvre lorsque cela est nécessaire. En France, concernant la qualité sanitaire des eaux, plusieurs réseaux de suivi existent en fonction de différents indicateurs :
REMI (ou Réseau de contrôle microbiologique des zones de production conchylicoles) surveille la présence ou non des bactéries E. Coli au-dessus d’un certain seuil.
REPHY : (ou Réseau d’observation et de surveillance du phytoplancton et de l’hydrologie dans les eaux littorales) suit la présence et l’abondance de microalgues productrices de toxines dans l’eau.
REPHYTOX (ou Réseau de surveillance des phycotoxines dans les organismes marins), suit la concentration de toxines dans la chair des coquillages.
ROCCH (ou Réseau d’observation de la contamination chimique) surveille les taux de polluant chimique présent dans l’eau.
Concernant les eaux de baignade, le suivi est réalisé par l’ARS (Agence Régionale pour la Santé).
Le contrôle des eaux de baignade est essentiellement un contrôle de leur qualité microbiologique, déterminé aux travers des 2 indicateurs bactériens réglementés : Escherichia coli et les entérocoques intestinaux. Leur présence dans les eaux peut être associée à celle de germes pathogènes plus dangereux. Le risque infectieux associé à la baignade dans une eau de mauvaise qualité microbiologique se traduit principalement par des gastro-entérites, des otites ou encore des dermatites.
D’où viennent ces pollutions ?
De nombreuses activités humaines peuvent avoir des effets délétères sur nos rivières, lacs, mers et nappes phréatiques. La qualité de l’eau est influencée par des rejets directs, tels que ceux provenant d’une usine ou d’une station d’épuration des eaux usées : il s’agit de la « pollution ponctuelle ». Elle est également influencée par la pollution résultant de diverses sources, telles que les engrais et pesticides utilisés dans les activités agricoles, et les polluants rejetés dans l’air par l’industrie, qui retombent ensuite au sol et en mer : c’est ce que l’on nomme la « pollution diffuse ». La principale source de pollution ponctuelle de l’eau provient du traitement des eaux usées et des eaux d’égout, tandis que la pollution diffuse a pour sources principales l’agriculture et les centrales à combustible fossile (via la pollution de l’air).
– des défauts structurels, défaillances ou dysfonctionnements ponctuels des systèmes d’assainissement collectif ou non collectif des eaux usées domestiques ou des eaux pluviales
– des apports diffus d’origine agricole liés à l’épandage des déjections animales, le ruissellement des surfaces pâturées ou des aires des bâtiments d’élevage, véhiculés par les cours d’eau ou par submersion de zones pâturées
– des rejets liés aux activités portuaires ou à certaines activités industrielles
– des incivilités liées aux activités récréatives du littoral (rejets d’eaux usées par les plaisanciers, les camping-caristes, etc.)
– des apports par la faune domestique (chiens, chevaux) ou sauvage (oiseaux marins).
Pourquoi certains coquillages peuvent-ils être consommés lors d’une interdiction ?
Les coquillages pêchés sont classés en « groupes », selon leur mode de vie et donc la façon dont les contaminants sont susceptibles de s’accumuler dans l’animal. Le groupe 1 regroupe les gastéropodes marins (bulots, bigorneaux…) et les échinodermes (oursins…). Ces animaux non filtreurs sont peu susceptibles d’accumuler des contaminants. Le groupe 2 regroupe les bivalves fouisseurs, qui s’enfoncent dans le sable, tels que les coques, tellines ou palourdes. Le groupe 3 regroupe les bivalves non fouisseurs, qui s’accrochent à un support, telles que les huîtres et les moules. Les animaux des groupes 2 et 3 sont des filtreurs : ils brassent en permanence l’eau de mer pour respirer et s’alimenter, et les contaminants sont susceptibles de s’accumuler dans leur organisme.
Les coquillages filtreurs n’ont pas la même capacité de filtrations, cela induit aussi une accumulation différente selon les espèces. Ainsi les idées reçues ancrées aux pratiques de pêche à pied : Faut-il s’y fier ?
– Cuire ou congeler les coquillages contaminés détruit les toxines
L’efficacité de la cuisson varie pour l’élimination des germes pathogènes. La cuisson à cœur pendant quelques minutes à 60°C permet d’assurer une destruction importante de certaines bactéries (E.coli, salmonelles,..) et des principaux parasites, mais elle s’avère insuffisante pour assurer une élimination efficace des virus, de certaines bactéries (Vibrio par exemple) et des biotoxines produites par le phytoplancton marin.
– Les arrêtés tombent lors des arrivées des touristes pour limiter le prélèvement de coquillages
Lorsque les résultats d’analyses font apparaître des niveaux de contamination supérieurs aux valeurs réglementaires, la récolte ou la pêche des coquillages sont interdites par arrêté préfectoral et les produits récemment mis sur le marché sont retirés de la vente. Ces arrêtés de fermeture administrative sont publiés dans les recueils d’actes administratifs de chaque préfecture. Ces arrêtés peuvent avoir lieu toute l’année. Cependant, lors de contaminations dues à des microalgues, la période à risque se situe à la fin du printemps. Ce qui est corrélé avec l’arrivée des touristes … mais ceci n’a rien à voir.
Pour mieux vous renseigner…
Rendez-vous sur le site de pêche à pied responsable qui vous indiquera les sites ouverts ou fermés à la pêche et la consommation de coquillages !
Le site se trouve ici : https://www.pecheapied-responsable.fr/carte-interactive