Depuis 2021, l’Observatoire a initié un diagnostic des pratiques de pêche à pied et une campagne de sensibilisation aux bonnes pratiques de pêche en Petite Mer de Gâvres, en concertation avec les collectivités. Aujourd’hui ces mêmes missions sont encore effectuées et s’étendent désormais jusqu’à Quiberon.
Pourquoi faisons-nous ça ?
Sur le Grand Site dunaire Gâvres-Quiberon, et particulièrement en Petite Mer de Gâvres (PMG), la pratique de la pêche à pied y est très ancrée et encore fortement pratiquée par les locaux. Une activité qui auparavant était davantage opérée par les femmes lorsque leur mari partait au travail. Si vous êtes de ce territoire, vous aurez déjà entendu parler des Riantécois, appelés « culs salés », surnom faisant référence à ces pêcheuses qui attendaient le dernier moment pour quitter leur site de récolte et revenaient… le cul salé.
Un surnom qui en dit beaucoup sur les activités d’antan et qui s’accrochent encore aujourd’hui, bien que la pratique ne serve plus à la vente mais bien seulement à se faire un repas. Si j’explique ça, c’est que sur certains territoires, ces pratiques qui autrefois servaient à compenser un revenu et/ou se nourrir se sont aujourd’hui transformées en sortie pour un bon bol d’air… et de coquillages. Bien sûr, les pratiques sont différentes pour chacun mais les consciences, elles, ont changé. Et les mailles et quotas sont apparues. Car qui dit plus de pêcheurs dit plus de pression sur le milieu et ses ressources.
Et aujourd’hui, aux pêcheurs locaux se rajoutent les intéressés liés au tourisme. Opportunistes découvrant la pratique ou amateur venant d’un autre département côtier, tous cherchent à ramener sa godaille pour le soir et se voient souvent pointés du doigt sur l’état actuel de certains stocks (souvent à tort). Une population éphémère qui augmente de ce fait la pression de prédation et qui, comme une part des locaux, ne connaît pas la réglementation en rigueur.
C’est par la constatation d’un manque de données sur la pression effectuée par les pêcheurs à pied amateurs (contrairement aux professionnels qui sont encadrés par le Comité des Pêches) que l’Observatoire du Plancton sensibilise les concernés et évalue l’impact de la pratique sur le milieu.
La problématique de l’inconscient collectif
« Un kilo en plus, qu’est-ce que ça change ? », « De toute manière, il y en a plein » ou encore « Je prends pour la famille » (pour 8 kilos de coque à la place des 3 réglementaires) sont des phrases que nous entendons de temps en temps lorsque nous échangeons avec les pêcheurs à pied. Bien que ces arguments puissent en faire sourire quelques-uns (ou pas), elles ne sont pas ici pour être pointées du doigt mais bien pour comprendre que cela ne relève pas que de la mauvaise foi. Car il peut être vrai qu’un kilo de moule ramassé sur une moulière entière peut être risible. Cependant, une seule marée (surtout lors des grands coefficients ensoleillés) peut accueillir jusqu’à 800 pêcheurs à pied sur toute la Petite mer de Gâvres ! Cette action qu’est celle de ramasser un kilo en plus se traduit alors par un prélèvement de plusieurs centaines de kilos de coquillages ! Et tout ça, en rajout des récoltes conformes qui elles comprennent des tonnes de coquillages.
Cette action inconsciente, qui, à titre individuel, ne change pas la donne sur une population de coquillages enfle néanmoins rapidement par le nombre de pratiquants et de marées.
Cela se reflète dans d’autres problématiques écologiques connues comme les mégots jetés dans la nature ou les villes qui, à titre individuel, ne représente que 0.2 gramme mais représentent plus de 20 000 tonnes à être ramassés chaque année… seulement en France.
Or, ce « problème » d’inconscient collectif peut être pris dans l’autre sens pour devenir bénéfique lors d’une pêche à pied. Comment ? En relâchant 5 coquillages de notre panier, qu’on ait atteint le quota ou non. Un geste quasiment invisible dans notre assiette qui ne peut être bénéfique pour la biodiversité lorsque 100 pêcheurs le font à chaque marée ! (Ça peut aller vite)
C’est l’heure d’y penser
À l’heure à laquelle cet article sort, les grandes marées sont déjà passées. Mais en gardant cette idée dans un coin de votre tête, vous pouvez faire la différence, tout en respectant les autres réglementations de cette pratique qu’est la pêche à pied ! En plus de nos interventions sur le terrain visant à récolter des données et sensibiliser les concernés, cet article permet de (re)faire penser aux gestes et outils utiles pour une bonne sortie sur la côte :
La réglette de pêche à pied :
Outil indispensable pour un bon respect des mailles et des quotas, la réglette est trouvable dans la plupart des mairies et des offices du tourisme du territoire, et aussi à l’Observatoire ! En plus d’être gratuites, les nouvelles réglettes du territoire s’étendent à l’échelle régionale, vous pourrez donc l’utilisez ailleurs sans avoir à craindre des différences de réglementations (sauf exception, renseignez-vous sur les sites que vous fréquenterez).
Regarder la marée et les interdictions préfectorales :
Geste habituel de la grande majorité des pêcheurs, il n’en reste pas moins que certains n’y fassent pas attention et se retrouvent sur l’estran sur un coup de tête. C’est lorsque la mer remonte que des pièges apparaissent et coupent la route aux non-informés, ce qui peut se conclure par des incidents parfois graves. Prévenez également un proche que vous allez pêcher si vous le faites seul, et garder votre téléphone sur vous au cas où.
Très important également, renseignez-vous sur l’état sanitaire du site visé, car certains peuvent se voir être fermés pour cause de présence de bactéries ou de planctons toxiques. Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur notre dernier article traitant de ce sujet ou rendez-vous sur le site de Pêche à pied responsable pour regarder directement quelle zone est ouverte à la consommation de coquillages. https://www.pecheapied-responsable.fr/carte-interactive
Se renseigner sur la conformité de son outil :
De même que pour ce que l’on pêche, un outil est réglementé sur sa taille (ici une taille maximale à ne pas dépasser) et un nombre de dents à ne pas dépasser, comme un croc ne doit pas dépasser un nombre de dents. Encore sur le site de Pêche à pied responsable (https://www.pecheapied-loisir.fr/reglementation/morbihan), retrouvez la norme concernant l’outil que vous utilisez, et rappelez-vous que certains d’entre eux ne sont utilisés que pour une gamme limitée de coquillage ou autre (ex : la fourche est à portée de la recherche de ver et de coquillages non soumis à quotas, comme les myes ou les lutraires).
Respecter l’environnement et sa biodiversité :
Enfin, l’estran est cette zone de balancement entre les marées et constitue de nombreux écosystèmes qui nous apportent ce que l’on y ramasse. Certaines pratiques et outils sont néfastes pour ces milieux sensibles, comme les crocs ou les retournements de roches, pour de nombreuses raisons. Et le meilleur moyen de respecter et protéger le milieu est de le connaître ! Avec de l’exercice, cherchez les marques de siphons des coquillages pour pêcher non pas au râteau mais à la cuillère ! Une pratique respectueuse et ludique pour les plus jeunes qui pourront s’amuser à chercher les trous et les reconnaître de ceux des vers !
C’est l’heure d’y aller !
Vous savez maintenant ce qu’il faut faire et connaître pour réaliser une pêche raisonnée tout en respectant l’environnement et ses ressources. Pour toute question sur le sujet, n’hésitez pas à nous contacter par téléphone ou sur nos réseaux !