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La nasse réticulée, coquillage et crustacé – Observatoire du Plancton

La vie dans une goutte d’eau

La nasse réticulée, coquillage et crustacé

La nasse réticulée (Tritia reticulata), escargot de mer commun de nos côtes, est présent sur de nombreux milieux de l’estran. Si elle reste méconnue du grand public, sa forme est bien reconnue à sa forme et est associée à différentes croyances lui collant à la coquille, allant jusqu’à le faire passer pour un crustacé (vous allez comprendre) …

Avant tout, un peu d’histoire et de biologie

La nasse réticulée, ce petit gastéropode allant en moyenne jusqu’à 3 centimètres à la coquille ovale pointue, est nommée ainsi par sa forme similaire à ce fameux piège à poisson. C’est également son relief en treillis qui nous laisse penser à cet outil de pêche. Commune sur notre littoral, nous la retrouvons aisément sur différents milieux de l’estran, en Atlantique comme en Méditerranée. Elle affectionne tout particulièrement les milieux sableux et vaseux où elle s’enfoncera pour se cacher et ne se dévoilera que pour se balader et chercher sa nourriture, majoritairement des carcasses d’animaux. Pour les détecter, la nasse utilise une « trompe » au pouvoir olfactif très puissant : elle peut deviner la position de l’animal mort ou blessé, parfois à plusieurs dizaines de mètres ! Cela lui donne par ailleurs le surnom « d’éboueur des mers », rôle important dans l’équilibre des écosystèmes. Enfin, elle lui permet également de repérer ses prédateurs et de les fuir avant qu’ils n’arrivent (des étoiles de mer, par exemple).

Peut-être encore méconnue malgré sa forte présence, des fouilles archéologiques ont démontré que cette espèce, à l’instar du pourpre (Nucella lapillus), avaient une certaine importance aux yeux des populations du Mésolithique et Néolithique. Elles étaient notamment utilisées en parure ou lors de rites funéraires, retrouvées parfois loin dans les terres (jusqu’à 75km environ). Avec encore cette même espèce qu’est le pourpre, elles ont également de par leurs différents milieux de vie, déterminé l’évolution des milieux côtiers jusqu’à aujourd’hui grâce à leurs formes adaptées aux milieux battus et abrités.

Pourpres aux couleurs variées au milieu de leurs proies

En perte de son identité

Alors qu’elle n’est même pas le gastéropode le plus réputé de nos côtes, notamment du fait que les pêcheurs à pied ne la recherche pas pour la manger, voilà qu’un animal lui vole son identité… En plus de sa coquille ! Beaucoup plus populaire que la nasse, le bernard l’ermite est ce fameux crustacé squatteur de coquille vide de bigorneaux, monodontes et suivant le milieu, très majoritairement de nasses.

Alors, si le bernard l’ermite est bien plus connu que la nasse, lui « voler » sa coquille revient à lui subtiliser sa frêle identité. Un comportement si particulier de l’espèce que certaines personnes pensent que cette protection temporaire fait partie intégrante de l’animal ! Si vous voulez savoir si vous avez affaire à la nasse ou à sa coquille squattée sans la retourner, le simple fait de les voir posées sur des algues et sur les deux faces d’une roche vous renseigne sur la nature de l’animal : c’est un bernard l’ermite. Rappelez-vous, comme dit plus haut, la nasse vit dans le substrat et ne se découvre que lorsqu’une carcasse se trouve dans les parages, il serait très rare de la voir à l’envers sur un bloc, et encore plus à marée basse ! Le simple fait de penser qu’un crustacé peut avoir une coquille de gastéropode faisant partie de son anatomie peut faire sourire certains des lecteurs, mais l’idée reçue est bien ancrée dans les croyances d’un certain nombre de personnes, et ce, enfants comme adultes !

L’imposex, vous connaissez ?

La nasse et le pourpre ont encore un point en commun, cette fois-ci non lié à l’archéologie et loin d’être positif : l’imposex. Ce phénomène provient lors d’une contamination de TBT (le tribulytélain, majoritairement utilisé dans les peintures antisalissure, ou antifouling, utilisées sur les coques des bateaux), et impacte la vie marine à différents niveaux, notamment les mollusques qui sont les plus sensibles. La nasse, vivant parfois en grand nombre dans les zones portuaires, se retrouve parfois fortement exposée à ce produit néfaste (bien que davantage contrôlé aujourd’hui et interdit sur les gros navires depuis 2008) et développe chez la femelle un sexe mâle, interférant avec son sexe et entraînant sa stérilité ou bien diminuant la population de femelles et impactant de ce fait les populations locales. Des deux espèces citées, c’est le pourpre qui prend la première et triste place sur le podium des victimes de l’imposex. Il est même de ce fait une espèce inscrite sur la liste OSPAR des espèces menacées, des côtes de la Norvège jusqu’au détroit de Gibraltar.

 (OSPAR : Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique Nord-Est).

Pour en apprendre plus sur l’imposex, cliquez sur ce lien : https://oap.ospar.org/fr/evaluations-ospar/evaluation-intermediare-2017/pressions-de-lactivite-humaine/contaminants/etat-et-tendances-des-niveaux-dimposex-chez-les-gasteropodes-mar/

Enfin, revenons à la nasse : sa disparition dans les différents milieux qu’elle occupe engendrerait un déséquilibre des réseaux trophiques et une dégradation de la qualité des eaux de par son régime alimentaire « d’éboueur des mers ».

Que ce soit la nasse ou une autre espèce venant à disparaître, retenons bien que chacune d’elle a son rôle à jouer et son importance dans leur milieu. Que ce soit pour nettoyer l’estran des carcasses ou « offrir » un abri au bernard l’ermite, la nasse reste un coquillage commun et curieux à observer, rampant sur le sable, sa trompe flairant son prochain repas.

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