Chers passionnés des océans,
Ce mois-ci, nous mettons en lumière une créature fascinante et méconnue : la Cliona limacina, un mollusque pélagique appartenant à la classe des Gastéropodes et à l’ordre des Gymnosomes. Cette espèce, souvent appelée « ange de mer » en raison de son apparence translucide et de ses mouvements gracieux, est un prédateur spécialisé du zooplancton.
Note de l’Observatoire : Nous tenons à remercier Lucile, jeune bénévole de l’association et étudiante en biologie marine qui a pris le temps de rédiger cet article afin de vous faire découvrir cette espèce planctonique.
Morphologie et physiologie
Le corps de Cliona limacina est translucide, parfois teinté d’orange en raison de l’accumulation de caroténoïdes issus de son alimentation. Il est divisé en trois régions principales :
- Une tête pourvue d’organes sensoriels et de crochets buccaux rétractiles.
- Un tronc allongé contenant l’appareil digestif, le cœur et les glandes digestives.
- Une paire d’appendices natatoires dérivés du pied des gastéropodes, permettant une nage stable par battements alternés.

Ce spécimen a été photographié lors de la campagne IBTS 2010.
Sa locomotion repose sur une musculature spécialisée, activée par un réseau neuronal relativement simple mais performant. Des études neurophysiologiques ont mis en évidence une organisation de circuits nerveux optimisés pour le contrôle de la nage et de la capture des proies.
La clione limacina est un mollusque nageur, dépourvu de coquille à l’état adulte, dont la taille varie généralement entre 1 et 3 cm. Son corps semi-transparent lui permet de se fondre dans la colonne d’eau, un avantage évolutif pour éviter les prédateurs. Ses lobes parapodiaux lui confèrent une nage fluide, presque hypnotique, qui rappelle celle d’un battement d’ailes.
Un prédateur spécialisé
Contrairement à son apparence délicate, la clione limacina est un chasseur redoutable. Son régime alimentaire est strictement spécialisé : elle se nourrit presque exclusivement de Limacina helicina, un autre gastéropode pélagique, mais doté d’une coquille spiralée. Lorsqu’une clione détecte sa proie, elle déploie un appareil buccal particulier muni de crochets et de ventouses qui lui permettent de capturer et d’ingérer ses proies avec une efficacité redoutable. Une fois la proie immobilisée, C. limacina utilise une radula chitineuse pour perforer la coquille et consommer les tissus internes.
https://www.youtube.com/watch?v=8tyu4hqmxjk (lien menant à une vidéo de prédation)
Adaptations physiologiques
Les cliones possèdent une adaptation métabolique unique leur permettant de survivre dans les eaux froides des régions arctiques et subarctiques. Elles peuvent ralentir leur métabolisme en cas de pénurie alimentaire, un mécanisme clé pour leur survie dans un environnement soumis à de fortes variations saisonnières.
Rôle écologique et impact du changement climatique
La clione limacina joue un rôle important dans les écosystèmes marins, en régulant les populations de Limacina helicina et en servant de proie pour divers prédateurs, tels que certains poissons et oiseaux marins. Toutefois, la hausse des températures océaniques et l’acidification des océans pourraient affecter cette espèce et, par extension, l’ensemble du réseau trophique. La diminution des populations de Limacina helicina, dont la coquille est particulièrement vulnérable à l’acidification des eaux, pourrait avoir des conséquences en cascade sur les cliones et leurs prédateurs.

Ces spécimens ont été photographiés lors de la campagne IBTS 2010.