La vie dans une goutte d’eau

Ernst Haeckel, premier vulgarisateur du monde planctonique ?

De son nom complet Ernst Heinrich Philipp August, le nom de cette personne ne vous parle peut-être pas, mais vous avez sans doute vu des œuvres splendides du XIXème siècle décrivant… du Plancton ! Des centaines de planches aux riches détails, présentant diatomées, radiolaires, rotifères ou bien même des palmiers et toutes sortes de reptiles… À une époque où la science peinait à se dévoiler au grand public, Ernst la peignait sous toutes ses coutures. Un travail que l’on (re)découvre encore aujourd’hui avec beaucoup d’étonnement et d’admiration.

Une vie menée par la Biologie et l’Art

Si l’on devait citer tous ses écrits, dessins, voyages, conférences ou cours qu’il a pu réaliser tout au long de sa vie, la liste serait très longue. Les activités qu’il a pu pratiquer tout au long de sa carrière sont elles-même nombreuses… Alors, par où commencer?

Né en 1834 à Potsdam en Allemagne, Ernst découvre très tôt la nature grâce à ses parents et son précepteur (personne à charge de son éducation à domicile). À son époque, les études de sciences naturelles passaient par celles de la médecine, champ de connaissances qui ne l’intéressait guère mais qu’il acquière néanmoins en 1857 sous la demande de son père. Il ne prit que rarement des souffrants en consultation, où il imposait même des horaires de cinq à six heures du matin pour s’en débarrasser au plus vite ! Outre cette période en tant que médecin, en 1854, il poursuit ses études à Berlin et devient l’élève de Johannes Müller, éminent physiologiste et biologiste marin. C’est à partir de cette période qu’Ersnt développe un penchant pour la zoologie marine lors d’une excursion à Helgoland (un archipel d’Allemagne).

De là débuta d’innombrables expéditions en Europe, au Moyen-Orient ou en Afrique où il put décrire de très nombreuses espèces qu’il représentera dans certains dessins qu’on lui reconnaît aujourd’hui. Il faut le savoir, en 1859, le célèbre biologiste reconnu internationalement comme étant le père de l’écologie et de l’arbre phylogénétique (entre autres) a failli intégralement se convertir en peintre, mais sa passion pour la biologie marine et notamment les radiolaires du Golfe de Messine (en Italie) le maintinrent dans les sciences.

De nombreuses monographies virent le jour sur différents taxons marins au fil des années et de ses expéditions, tels que: les radiolaires (1862-1888), les siphonophores (1869-1888), les méduses (1871-1888), les spongiaires calcaires (1872) et un rapport sur les keratosa abyssales. Au total, se furent plus d’un millier de gravures et aquarelles qu’Ernst Haeckel dessina, mais « seulement » 100 seront sélectionnées pour son célèbre ouvrage « Les formes artistiques de la nature », paru en 1904.

Une nouvelle vision et un nouveau terme

C’est une époque importante pour les sciences naturelles tant au niveau des pensées philosophiques que des découvertes. C’est l’époque de la célèbre expédition du challenger, de l’ouvrage « l’origine des espèces » de Darwin, celle de Haeckel bien entendu, mais également celle de la naissance du terme « plancton » par Victor Hensen, également biologiste allemand. Bien que des milliers d’espèces furent découvertes à bord du Challenger, sans le travail artistique d’Ernst, toutes ces espèces auraient été présentées dans le cercle quasi-fermé des scientifiques. Aussi, si ces dessins avivèrent l’intérêt du grand public, ce fut également un grand virage pour l’art du XXème siècle. Par exemple en France, et plus précisément au musée océanographique de Monaco, les lustres (peut-être encore présents) provenaient de Constant Roux qui s’était inspiré d’une représentation du biologiste allemand. Encore en France mais cette fois-ci à Paris, lors de l’exposition universelle, l’architecte René Binet avait fait construire une énorme porte aux allures de radiolaire, visible sur la vidéo ci-dessous.

Le début de la vulgarisation scientifique

Comme dit plus haut, si Ernst Haeckel avait décidé de dédier sa vie à la peinture, nous aurions été privé de nombreuses avancées scientifiques… et des débuts de la vulgarisation scientifique. Attention, nous sommes loin de ce que nous avons et faisons aujourd’hui qui touche désormais tout le monde, mais son livre « Les formes artistiques de la nature » avait néanmoins été vendu à quelques centaines de milliers d’exemplaires! Cela a sans doute été le moteur qui a lancé ce que nous avons, quand alors les sciences étaient encore réservé à un certain rang social. Nous pouvons également cité son livre le plus connu « Les énigmes de l’univers » ayant atteint les 400 000 exemplaires distribués dans plus de 30 langues différentes, qui est également un livre de vulgarisation scientifique se concentrant néanmoins sur les connaissances scientifiques acquises en cette fin de XIXème siècle.

Aujourd’hui, l’art et la science fonctionnent toujours de concert pour dévoiler les nouvelles connaissances acquises au grand public. Dessins, photographies, films… Nos moyens de diffusion sont également plus conséquents avec la télé, les réseaux sociaux, internet… La moindre espèce abyssale découverte peut atteindre des millions de vue en quelques heures sur Instagram. Ces découvertes, parfois majeures, font désormais partie de notre paysage médiatique.

Finalement, pour le plancton, ces œuvres n’ont pas vraiment aidé à populariser sur plus d’un siècle car il est encore trop largement méconnu. Cependant, les planches Haeckeliennes ne manquent pas sur Internet lorsqu’une recherche sur un taxon manque de photo!

Pour en apprendre plus sur le biologiste et ses dessins, un livre récemment apparu retraçant sa vie et ses dessins est apparu :

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