Lorsqu’on se baigne dans une rivière ou un lac, on ne pense pas réellement à la vie qui nous entoure. On observe quelque fois des poissons, des grenouilles, mais l’invisible ne se montre pas aussi facilement. Parmi les micro organismes présents, un en particulier se détache par son mode de vie et ses facultés: l’amibe.
Une drôle d’apparence
Plutôt discrète et même invisible dans nos eaux douces, l’amibe est un micro-organisme assez complexe faisant partie de différents groupes eucaryotes (uni ou pluricellulaires à noyau). On la reconnaît au microscope à sa silhouette changeante et transparente, créant et supprimant des membres appelés « pseudopodes », lui servant à se déplacer et attraper sa nourriture. Un groupe d’amibes, les thécamoebiens, sont protégés d’un test (ou thèque), coquille en forme de béret munie d’un trou ventral (pseudostome) et finement décorée, dans laquelle on peut l’observer par transparence, comme sur la photo du milieu (Arcella dentata).
Des proies englouties
L’amibe, pour manger, utilise tout d’abord ce qu’on appelle l’endocytose, une technique qui permet d’abord de détecter sa proie par voie mécanique ou chimique, de l’entourer avec ses pseudopodes avant de l’engloutir et de commencer un processus de digestion, appelée phagocytose. Elle peut se nourrir de nombreux organismes différents, tels que des ciliés, des diatomées ou encore des bactéries. Une fois consommés, les éléments non digérés sont ensuite rejetés. Au microscope, on peut notamment l’observer avec plusieurs de ses proies, partiellement ou pas encore digérées, et avancer à la recherche d’un autre organisme à chasser.
Des risques sanitaires liés aux amibes
Si ce nom est relativement inconnu du grand public, il ne l’est pas du tout pour les services de santé. Cet organisme vit naturellement dans les eaux de surface destinées à la consommation humaine et animale et peut survivre après sa potabilisation, entraînant différents problèmes de santé.
De nature hétérotrophe, certaines amibes peuvent vivre par parasitisme et infiltrer le corps d’animaux via différentes voies, certaines prenant même pour cible l’Homme. Elle est la cause de troubles digestifs (appelés amibiase) lorsqu’elle parasite son hôte et est ensuite éjectée sous forme de kyste. Ce mode de vie est également utilisé chez les dinoflagellés, sorte d’état de dormance protégée par une carapace. Cela lui permet entre autres de résister à la dessiccation, à de hautes températures ou à des biocides. De ce biais-là, elle peut contaminer d’autres hôtes via la matière fécale, l’eau contaminée ou même des mains sales.
Même si toutes les espèces ne sont pas en lien direct avec les maladies apportées à l’Homme ou aux animaux, elles peuvent avoir un rôle assez spécial, qu’on appelle « cheval de Troie ». Une référence connue donnant rapidement l’idée de ce que l’amibe est capable de faire en arrivant dans un environnement où d’autres ne devraient pas s’y trouver. Qui ? Les bactéries.
Il faut savoir que lorsque l’eau est prélevée afin d’y faire des traitements pour sa potabilisation, les amibes, sous différentes formes, qui peuvent résister, au contraire des bactéries. Une fois arrivées dans le réseau d’eau, les amibes peuvent se désenkyster et commencer à se nourrir de populations bactériennes pouvant résister à sa digestion, les enfermant ainsi en son sein. Après une possible multiplication de bactéries dans l’amibe, elle peut se réenkyster en cas de stress environnemental et les enfermer, les protégeant par la suite. Ces propagations de « chevaux de Troie » peuvent ainsi, malgré les traitements, être vectrices d’infections pour l’Homme et les animaux, par voie respiratoire, par ingestion ou contamination de différentes surfaces.
Une amibe mangeuse de cerveaux
Parmi les amibes parasites, certaines espèces toucheraient le cerveau et le « mangeraient ». En Californie, par exemple, un individu en est malheureusement décédé. Contrairement aux autres amibes qui passent dans notre corps une fois qu’on ait bu la tasse, celle-ci passerait par le nez avant d’atteindre le cerveau et de phagocyter des cellules de l’organe. La présence d’amibe en eau douce est plus forte lorsque celle-ci dépasse les 25°c. Ce qui veut dire que les problèmes surviennent davantage dans les régions tropicales, mais peuvent également subvenir dans les points d’eau surchauffés au soleil. Ici, l’amibe « mangeuse de cerveaux » n’est pas présente partout et ce cas semble rester très rare.
En effet, même si les évènements expliqués ci-dessus sont plutôt négatifs et portés sur la santé humaine, la présence des amibes dans l’environnement est naturelle et participe à l’équilibre des différents écosystèmes, aquatiques comme terrestres (certaines sont trouvées dans la terre et dans les mousses). Aussi, peu d’entre elles sont réellement dangereuses pour l’Homme et sont même bénéfiques contre le réchauffement climatique dans certains cas ! (Lien d’un court texte expliquant l’importance des amibes à thèques dans les tourbières).
https://www.wsl.ch/fr/news/les-amibes-un-grand-role-climatique-pour-de-petites-creatures